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 COMMENT LE CHIEN COMMUNIQUE-T-IL UNE DEMANDE A L’HUMAIN ?

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MessageSujet: COMMENT LE CHIEN COMMUNIQUE-T-IL UNE DEMANDE A L’HUMAIN ?   COMMENT LE CHIEN COMMUNIQUE-T-IL UNE DEMANDE A L’HUMAIN ? EmptyMar 3 Avr - 8:26

COMMENT LE CHIEN COMMUNIQUE-T-IL UNE DEMANDE A L’HUMAIN ?
INTERET DE LA COMMUNICATION DU CHIEN DANS LA RELATION HOMME-CHIEN
Par Florence Gaunet, Chargé de recherche (CR1) CNRS
Université de Provence / CNRS, Pôle 3C
Laboratoire de Psychologie Cognitive, UMR6146
3 Place Victor Hugo, Bât. 9, Case D
13331 Marseille cedex 1

Les individus non-verbaux et dépendants d’autrui pour accéder à certaines ressources de l’environnement sont susceptibles d’avoir développé un moyen de communication fondé sur la production de comportements visibles, voire audibles, pour faire comprendre leurs requêtes. Le cas le plus proche de nous est le bébé qui ne parle pas encore.
La communication du bébé préverbal
Les chercheurs ont ainsi pu établir que le bébé de 15 mois, et parfois de 12 mois, non seulement pointe du doigt vers l’objet ou la personne désirée, mais également alterne la direction de son regard entre son interlocuteur et la cible souhaitée (Bates et al. 1979; Liszkowski 2005; Lock 2001) ; il peut également sonoriser son comportement quand son attention est dirigée vers son interlocuteur ou vers la cible désirée. Il a également été établi qu’avant le pointage de la main/du doigt, vers 7-8 mois, le bébé effectue ces alternances de regard (Bruner 1998; Carpenter et al. 1998; Reddy, 2005) ; avant encore, le bébé effectue une fixation visuelle simple de la cible (Carpenter et al. 1998; Cuevas & Bell 2010). Ces comportements sont appelés comportements de communication référentielle : communication parce que le signal ou le comportement s’adresse physiquement à un individu et vise à faire agir celui-ci ; référentielle parce qu’un objet externe spécifique auquel s’applique le message est impliqué. Leur mise en place est cruciale pour les êtres dépendants d’autrui afin que leurs besoins soient assouvis (nourriture, jouet, etc.) ; la capacité de l’interlocuteur à les « lire » et à y répondre (selon le choix de celui-ci, positivement ou négativement) sont tout aussi importants car ces comportements permettent au bébé d’établir une relation interactive avec les humains qui l’entoure, de rentrer dans le monde qui l’entoure. On voit donc déjà l’importance de la mise en place de ce type d’interaction dans le cadre de la relation homme-chien.
La communication référentielle et intentionnelle chez les grands singes : critères et observations
Il est intéressant de remarquer que les éthologistes de terrain n’ont jamais observé que les singes, et en particuliers, les grands singes (bonobos, orangs-outangs, chimpanzés, gorilles) pointaient du doigt dans leur milieu naturel. Néanmoins, il a été relevé que lorsqu’un chimpanzé tentait de se
gratter à un endroit inaccessible (par exemple dans le dos) un congénère qui le voyait faire pouvait se
mettre à le gratter à l’endroit indiqué (Pika & Mitani 2006) ; c’est le seul cas de communication
référentielle observé en milieu naturel, entre congénères.
En revanche, des observations en captivité montrent que les chimpanzés et les orangs-outangs
pointent en direction d’objets qu’ils désirent quand une personne est présente, et ces gestes
s’accompagnent d’alternances de regard entre l’humain et la cible (Gómez 2007), à l’instar du singe
écureuil, Saimiri Sciureus (Anderson et al. 2007). Ces animaux, enculturés à l’humain, dont ils sont
dépendants pour accéder à certaines ressources, communiquent donc de manière référentielle.
Mais peut-on pour autant parler d’une communication référentielle qui serait intentionnelle
chez l’animal ? Des chercheurs ont développé 6 critères qui doivent être vérifiés pour parler de
communication référentielle intentionnelle chez l’animal (Fig. 1). A ce jour, il a été montré que les
comportements des chimpanzés (Leavens et al. 2004, 2005 ; Hopkins et al. 2007) et des orangs-outans
captifs (Cartmill & Byrne 2007 ; Poss et al. 2006) vérifiaient ces critères. Les travaux chez les grands
singes montrent que la communication référentielle fonctionnelle a deux composantes : l’une
s’apparente à la recherche d’attention de l’humain et se manifeste par les regards dirigés vers ce
dernier accompagnés ou non de vocalisations ; l’autre s’apparente à la désignation de la direction de
la cible désirée et se manifeste par les regards dirigés vers la cible, accompagnés ou non de
vocalisations, ainsi que par les alternances de regards entre la cible et l’humain.
1) Présence d’alternances de regard entre l’humain et la cible
2) Présence de comportements de recherche d’attention (e.g. regard
vers l’humain, vocalisations)
3) Ces comportements se révèlent lorsqu’il y a une audience
4) Il y a un effet de la direction de l’attention de l’humain sur leur
manifestation
Ces comportements (5) persistent, et (6) s’élaborent quand la tentative
de communication vers l’humain échoue
Communication
référentielle
Communication référentielle
& intentionnelle
Fig. 1. Critères pour la communication référentielle et intentionnelle, selon Leavens et al. 2004, 2005.
La communication référentielle et intentionnelle du chien
Le chien, qui est dépendant de l’humain pour l’accès à de nombreuses ressources telle que la
nourriture, le jardin, ou encore un jouet inaccessible a-t-il également cette capacité de communiquer
de manière référentielle et intentionnelle ?
L’étude princeps montrant cette aptitude cognitive chez le chien est celle de Miklósi et al.
(2000) ; elle teste les trois premiers critères. Dans une condition, une croquette était cachée dans un
récipient en présence du chien seulement ; les comportements du chien ont été observés dès que le
propriétaire entrait dans la pièce. Dans une deuxième condition, une croquette était cachée sous un
récipient en présence du chien seulement ; les comportements du chien ont été observés alors qu’il
restait seul. Dans la troisième, aucune croquette n’était cachée, et le chien et le propriétaire étaient
mis en présence. Les chiens font davantage de regards vers la cible et d’alternances de regards entre
la cible et le propriétaire quand les deux sont présents comparativement (Fig 2.) à la présence seule
du propriétaire ou de la croquette seule. Davantage de vocalisations (quelle que soit la direction des
regards) sont émises quand la cible a été cachée et que le propriétaire était là que dans les deux
autres conditions. Gaunet et Deputte (2011) ont récemment reproduit cette expérience, confortant
ainsi les résultats de l’étude de Miklósi et al. (2000). Ils montrent de surcroît que lorsque la cible
désirée est hors de la pièce, les alternances de regard ne se reportent pas vers la porte. Ils mettent
également en évidence la présence d’un autre comportement de communication référentielle qui
vérifie les trois premiers critères, le positionnement du chien. Ainsi, le chien se positionne davantage
près de la cible quand son maître est là et que la cible est cachée dans le container que quand le
maître ou la cible est absent ; enfin, comme pour les alternances de regard, le chien ne se positionne
pas près de la porte derrière laquelle se trouve son jouet.
Fig. 2. Alternances de regard par le chien entre la cible (balle) et la personne.
Qu’en est-il du critère 4, càd de la sensibilité des chiens à (la direction de) l’attention visuelle de l’humain. Call et al. (2003) ont montré que les chiens à qui l’on interdit de prendre une croquette posée sur le sol vont davantage et plus rapidement désobéir quand l’humain est de dos, ou bien de face et occupé à un jeu d’ordinateur, que lorsqu’il est face au chien, les yeux ouverts. De même, quand l'animal est autorisé à aller quémander auprès de deux personnes tenant de la nourriture, il va préférentiellement vers la personne qui est orientée vers elle et le regarde plutôt que vers celle qui est orientée et regarde dans une autre direction (Gácsi et al. 2004 ; Virányi et al. 2004). De plus, les chiens quémandent moins souvent de la nourriture et hésitent davantage à rapporter leur jouet à une personne dont les yeux sont bandés qu’à celle ne portant pas de bandeau (Gácsi et al. 2004). Enfin, dans une pièce où on varie le type de barrières visuelles installées, si on a interdit à un chien de prendre une croquette posée au sol, il suivra moins l’instruction quand la personne ne peut pas le voir ou bien quand le chien lui-même ne peut pas voir la personne. Ceci suggère que le chien a la capacité d’inférer ce que l’autre voit (Bräuer et al. 2004). Gaunet (2008, 2010) a comparé les comportements de communication référentielle du chien guide et du chien de compagnie vis-à-vis respectivement de leurs maîtres aveugles et voyants. Ainsi, après quelques années passées avec son maître aveugle, le chien développerait-il de nouvelles modalités de communication adaptées à la cécité du maître ? La seule différence entre les deux groupes est que les chiens guides font davantage de pourlèchement de babines sonores lorsque la nourriture est inaccessible (Gaunet 2008) ; en revanche, aucune différence n’a été relevée lorsque c’est un jouet qui est inaccessible (Gaunet 2010). On ne montre pas, en revanche, que les chiens guides effectuent moins de comportements dirigés vers la cible que les chiens de compagnie. Les chiens ne sont donc pas sensibles au statut visuel de l’humain, mais ont mis en place un nouveau comportement de communication distal seulement dans le cas de l’inaccessibilité de la nourriture. Gaunet et Deputte (2011) ont enfin observé les communications du chien alors que la cible se trouvait à différentes hauteurs et que le maître regardait en direction de ces
cibles. Les auteurs relèvent que les chiens regardent leur maître en se positionnant de manière optimale dans l’espace expérimental : ils considèrent donc la hauteur de la cible ainsi que la ligne de vue de leur maître, montrant qu’ils sont sensibles à la direction de l’attention visuelle de leur maître pour communiquer (critère 4).
Dans l’étude de Gaunet (2010), après avoir soumis le chien à la situation où le jouet est inaccessible (derrière un meuble), le maître rendait soit le jouet soit un objet inconnu. Les résultats montrent que le chien néglige l’objet inconnu et persiste dans ses demandes du jouet inaccessible, mais il ne les élabore pas (i.e. il n’y a pas de comportements nouveaux). Le chien présente donc le critère 5 mais apparemment pas le 6 dans cette étude.
Pour terminer, conformément à ce que l’on attend des comportements de communication référentielle fonctionnelle, ils sont utilisés avec succès par l’humain pour trouver la localisation de la cible (Hare et al. 1998 ; Miklósi et al. 2000). Toutes ces études montrent que le chien de compagnie présente un certain nombre des critères permettant d’avancer qu’il communique référentiellement et intentionnellement avec l’humain.
Conclusion
La communication référentielle a un rôle fonctionnel dans le cadre de la relation homme-chien. Il permet au chien d’exprimer certaines de ses « volontés » ; libre ensuite à l’interlocuteur d’y répondre positivement ou négativement, néanmoins clairement.
Les premières données sur cette thématique tendent à montrer que le chien dispose de cette capacité de communiquer référentiellement et intentionnellement avec l’humain. On rappellera bien entendu que le chien est un animal social, que nous avons « fabriqué » le chien pour interagir avec nous. De plus, les chiens de refuge qui sont peu en interaction avec l’humain arrêtent plus rapidement de regarder une personne quand celle-ci ne répond plus à son comportement de recherche d’attention (regard vers l’humain) que ne le font les chiens de compagnie, tout comme se les chiens de refuge abandonnaient plus vite l’interaction (Barrera et al. 2011) ; par ailleurs, ces chiens, déprivés en interactions sociales avec l’humain, présentent également des signes stress. Il apparaît donc important de donner la place au chien de « s’exprimer » et d’être entendu, de lui donner une place d’acteur de sa vie sociale, car toute diminution de ces comportements chez le chien pourrait être un indicateur d’un mal-être ou d’une dégradation de ses capacités cognitives (Duncan & Petherick 1991), comme dans le cas d’une intoxication ou du vieillissement.
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